Blop.2.0

Ceci est un (presque) journal. Attention : peut mordre.

Dimanche 9 juin 2013 à 19:21

 L'étoile

http://www.marianne.net/photo/art/default/927187-1098871.jpg[photo tirée du film "Elle s'appelait Sarah"]

Ce jour-là, je voyais maman pleurer pour la première fois.

               Ou plutôt la seconde.

La première étant après la naissance de Sarah il y a trois ans. Je me souvenais de la manière dont elle avait placé sa petite fille tout contre elle, de celle qu’elle avait de la regarder, de la bercer. Maman était heureuse ce jour-là et ses larmes étaient des larmes de joie. Pendant plusieurs mois l’appartement avait été plongé dans une vague de lumière, les sourires se succédaient et même Jean qui détestait les enfants, avait fini par s’attendrir devant le berceau de sa fille. Qui l’aurait cru ? Je me rappelais parfaitement du jour où Marie lui avait annoncé sa grossesse. Mon frère n’était pas rentré à la maison pendant plus d’une semaine.

 Voilà comment un petit être avait réussi à nous apporter un bonheur qui s’était fait trop longtemps absent.

Et puis la guerre avait éclaté. Moi, je n’avais jamais connu la guerre, j’étais née sept ans après la première et je n’avais pas idée du changement qui allait s’opérer dans nos vies à tous.

Papa avait seulement quinze ans à l’époque et maman treize mais tous les deux, lorsqu’ils nous racontaient ce qu’ils avaient vu ou entendu, avaient la même tristesse dans la voix. Ils nous décrivaient les hommes qui partaient au front, leur fierté d’aller défendre leur patrie mais aussi leur douleur de quitter leur famille. Mes deux grand-pères étaient partis se battre eux aussi. Un seul était revenu et à chaque fois que papa nous parlait de la lettre que grand-mère avait reçu le jour de noël en 1916 pour lui annoncer que son mari ne rentrerait jamais, j’entendais dans ma tête les cris de désespoir de cette femme que je n’avais pas connu mais que j’aimais de tout mon cœur de petite fille.

Elle était morte quelques semaines après ma naissance et le seul souvenir que j’avais gardé d’elle était une chaîne en or sur laquelle était accrochée une petite plaque rectangulaire. Dessus elle avait fait graver son prénom et celui de grand-père « Anouk et Michel ».

Maman pleurait en silence mais je voyais couler ses larmes. Elle s’efforçait à faire comme si tout allait bien mais même Sarah du haut de ses trois ans devinait que quelque chose avait changé.

Elle avait disposé son nécessaire à couture sur la table de la cuisine et s’était installée sur une des quatre chaises, celle avec le coussin rouge bordeaux en velours qu’elle avait déniché dans un vide grenier. Ses gestes étaient lents mais précis et autour d’elle personne n’osait parler.


Un point, deux points, trois points…

Oui. Pendant ces quelques minutes, nous restâmes immobiles, sachant parfaitement que l’heure était grave. Je préférais garder mes yeux posés sur le sol, tout comme Jean. Mais même sans la voir, j’imaginais très nettement l’aiguille perçant le tissu.

 Quatre points, cinq points, six points…

Et j’entendais toujours maman pleurer. Je ne pus m’empêcher de me redresser et je vis qu’une main était posée sur son épaule. Celle de Jules. Il avait tenu à être là avec nous dans cet instant si symbolique mais jamais il ne pourrait comprendre ce que nous ressentions.

Sept points, huit points, neuf points, dix points…

Car à ce moment précis, c’était un sentiment de colère mêlé d’incompréhension qui nous submergeait ma famille et moi.

Onze points, douze points, treize points, quatorze points, quinze points… 

 

Et je savais que derrière la porte d’entrée, parmi les six étages que comptait l’immeuble, d’autres personnes comme nous étaient révoltées. D’autres personnes comme nous avaient vu les affiches et nous savions tous que nous devions obéir si nous voulions préserver nos vies devenues si fragiles.

 

 Seize points, dix-sept points, dix-huit points, dix-neuf points, vingt points, vingt-et-un points, vingt-deux points.

Maman posa l’aiguille, fit un nœud avec le fil et d’un coup sec, le cassa.

Voilà.  

 

C’était fait.

 

~~~~~~

Maman n’eut pas la force de se lever alors c’est moi qui m’avançai vers elle. Quand j’arrivai à sa hauteur, elle prit mes mains et plongea ses yeux dans les miens.

La femme que je voyais devant moi n’était plus la femme que j’avais connue durant toute mon enfance. Son sourire avait disparu, il ne restait plus que son empreinte, visible sur les quelques rides apparues récemment au coin de sa bouche. Sans elles, personne n'aurait pu ne serait-ce que deviner qu’elle femme elle était avant.

J’admirais ma mère, la façon dont elle répondait à toutes mes questions, la voix qu’elle prenait pour me raconter une histoire, elle changeait de timbre selon les personnages et ses récits étaient toujours très vivants. Je ne me lassais jamais de la regarder se coiffer. Je pouvais rester de longues minutes assise en tailleur devant la porte de salle de bain à contempler l’image d’elle que me renvoyait le miroir. Chaque coup de brosse était savamment calculé, sa coiffure était toujours parfaite. De temps en temps j’avais le droit de la peigner et c’est non sans fierté que je passais la brosse dans ses beaux cheveux blonds en prenant soin de ne pas trop tirer.

A chacun de mes anniversaires, elle me cuisinait un délicieux fondant au chocolat, tellement délicieux que je refusais de manger le reste du repas de peur de ne plus avoir assez faim pour le dévorer.

Mes cadeaux étaient toujours merveilleux, elle avait le don de deviner ce qui me ferait plaisir. Le jour de mes dix ans, elle m’avait offert un livre de Jules Verne « Le tour du monde en 80 jours », j’avais immédiatement entrepris de le lire et lorsque je bloquais sur un mot, elle arrivait toujours à me donner un synonyme pour que je comprenne.

Cette année il n’y aurait pas de fondant au chocolat, il n’y aurait pas non plus de cadeaux.

 

Son regard sur moi me mit mal à l’aise, j'aurais voulu lui dire d’être forte, de ne pas baisser les bras comme elle le faisait, j'aurais voulu qu’elle redevienne comme avant, avant cette guerre qui nous détruisait.

Elle me tendit ma veste, et rien que la vision de l’étoile jaune solidement cousue sur le côté gauche me donna la nausée. Le lendemain nous serions le 7 juin 1942. Le lendemain nous devrions tous porter cette même étoile du même côté. Le lendemain nous perdrions ce qui nous restait de liberté.  

 

Sarah nous demanda si elle pouvait avoir une étoile elle aussi. Son père lui répondit qu’elle n’avait pas six ans, que donc qu’elle n’en aurait pas et la fillette partit en sanglotant dans sa chambre. Nous eûmes alors tous la même pensée : « pourvu qu’elle n’ait jamais à supporter le poids de l’étoile sur sa poitrine. »

 


~~~~~~

Je sentis une douce chaleur qui me caresse le visage. J’ouvris les yeux et fus éblouie par la lumière qui règnait dans la chambre. La fenêtre étai grande ouverte et les courants d’air frais qui parcourent la pièce me font un bien fou.

 

Et puis il y avait ce délicieux parfum. Comme celui de l’herbe juste coupée. Ce parfum qui rentre dans les narines et qui envahit tout le corps. Ce parfum qui parvient à nous faire oublier tous nos tracas l’espace de quelques inspirations. Il me rappela les dimanches de printemps, quand papa et maman nous emmenaient, Jean et moi à la campagne pour voir grand-mère.

 

J’adorais marcher dans les champs de blé avec mon chapeau de paille sur la tête. Je me souviens qu’un jour, en pleine après-midi, alors que je jouais à cache-cache avec Jean, j’étais tombée nez à nez avec une vipère. J’avais hurlé comme jamais je n’avais hurlé auparavant. Et mon frère avait accouru pour me porter secours. Il voulait faire le grand, le garçon courageux mais je savais très bien qu’il avait peur, d’ailleurs son bras tremblait quand il avait tendu un bâton vers le serpent pour voir s’il était vivant. Heureusement il ne l’était pas.

Allongée sur le dos, je regardais le plafond et pensais à ce que j'allais faire de ma journée. Tout d’abord, il y avait ma leçon de piano à onze heures. Monsieur Duchêne avait promis de m’apprendre un nouveau morceau. Je lui faisais confiance, il tenait toujours ses promesses. Il faisait partie de ces personnes qui donnaient sans rien attendre en retour, il n’avait d’ailleurs jamais accepté que maman lui versât de l’argent en échange des leçons. Alors de temps à autre, elle lui préparait une brioche ou lui offrait une corbeille de fruits.

Enfin…C’est ce qu’elle faisait avant. Car maintenant avec le rationnement, on ne pouvait plus se permettre le moindre écart alimentaire. 

 

J’enfilai rapidement ma robe la moins abîmée et marchai rapidement vers la porte d’entrée : déjà 10h40, si je voulais être à l’heure, il fallait que je parte tout de suite. J’avais faim mais tant pis, je mangerais au retour et puis, par les temps qui courraient, la sensation de faim ne nous quittait jamais de toute façon. Alors que je tournai la poignée, on m’interpela.

 

 « Léna ! Léna ! Je suis désolée mais…tu as oublié ça…

 -Oh…Je te remercie Marie…Tu as raison, je…je risquerais de prendre froid…
-Oui…Tu risquerais de prendre froid… »

Dans ses mains : ma veste bleue marine et son étoile jaune. Je la mis sur mes épaules et sortis de l’appartement. A peine avais-je fait un pas dans la rue que j’apercevais déjà le regard des passants. Tous me dévisageaient, certains compatissaient par de petites réflexions telles « pauvre enfant » ou encore « c’est inadmissible » et d’autres laissaient entrevoir un sourire sarcastique. Jean disait qu’il fallait ignorer les remarques, faire comme si elles n’existaient pas, comme si l’on avait rien entendu, fermer les yeux.

 Ne rien dire. Rien. 

 

 

Je concentrai mon attention sur le chemin que je devais prendre: à gauche à la prochaine intersection, ensuite j'allais arriver devant la maison de Madame Martin. Le balcon était toujours fleuri et la vieille femme passait fréquemment un coup de balai sur le trottoir où les dalles se faisaient presque invisibles sous la poussière. J'aimais beaucoup passer devant chez elle, surtout quand elle était là. Elle m'avait toujours saluée en me lançant de grands sourires. Et à chaque fois je serrais fort mon pendentif en pensant que sûrement ma grand-mère aurait été aussi généreuse qu'elle. Aujourd'hui j'avais peur de croiser son regard, peur qu'il ne trahisse un mépris à mon égard, peur qu'il n'y ait ni "bonjour mon enfant" ni son sourire qui parvenait par je ne savais quels mystères à raviver le mien.

Je tournai à gauche, aperçus la maison, le rosier dans la petite cour et le laurier. Et puis je la vis elle, assise sur une chaise en bois devant les marches de la porte d'entrée. Elle caressait son chat qui dormait paisiblement sur ses genoux et je devinais ses mains, fragiles et tremblantes et son alliance qu'elle portait toujours à droite. Elle était différente des vieilles personnes que je voyais habituellement. Elle se tenait bien droite contre le dossier alors que les autres avaient le dos voûté, tellement parfois qu'on avait la sensation que leur colonne vertébrale s'était affaissée sous le poids des années. Elles avaient cette démarche lente et laborieuse qui nous faisait craindre une chute à chaque tentative d'avancée. Au contraire, j'admirais avec quelle confiance madame Martin enchainait les pas, avec quelle envie elle regardait la boutique de sucreries en face de chez elle comme une petite fille. Au coin de ses yeux, même ses rides très marquées ne suffisaient pas à trahir son âge. Car du haut de ses 86 ans, elle possédait toujours un regard enfantin, avec sa petite lumière qui nous faisait penser que tout était possible. Je l'observai et je su alors que quoiqu'il arrivât, l'empreinte de son sourire serait à jamais imprimé de chaque côté de ses lèvres.

Je baissai la tête et avançai rapidement, je longeai la barrière et sentis ses yeux posés sur moi. Sur moi mais surtout sur l’étoile.
"Mademoiselle?"
Mon coeur fit un bond dans ma poitrine, je me retournai et la vieille femme s'avança vers moi. Elle tendit la main de l'alliance vers l'étoile, la toucha, passa ses doigts sur les coutures. Cela ne dura que quelques secondes mais j'avais l'impression que des heures s'écoulèrent. Et enfin, elle retira sa main.
"Alors c'est donc vrai...Les affiches...Je m'étais imaginé qu'ils faisaient ça pour vous faire peur...Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs..."
Je l'écoutais et sentais son malaise alors je décidai de parler à mon tour.
"Malheureusement oui, c'est vrai. C'est la première fois que vous la voyez? Pourtant tous les Juifs la portent depuis aujourd'hui....
-Oh vous savez, il n'y a pas grand monde qui passe dans la rue, surtout par les temps qui courent. Je tiens à vous dire que même si je ne suis pas juive, je n'en partage pas moins votre douleur. Sachez que si un jour, il vous arrive de ne pas savoir où aller, ma porte vous sera grande ouverte. A vous bien sûr mais aussi à votre famille. J'ai entendu dire que dans certains villages, des familles juives entières ont été arrêtées. Alors surtout n'hésitez pas.
-Merci madame, je ne l'oublierai pas.
-Appelez-moi France. France... c'est un prénom plutôt dur à porter en ce moment... Et vous, comment vous appelez-vous ?
-Léna.
-C'est très joli. Et bien prenez bien soin de vous Léna. Et j'espère ne pas avoir à vous héberger de si tôt.
-Je l'espère aussi. Au revoir et merci encore, dis-je en reprenant ma route."
Je jetai un ultime coup d'œil derrière moi mais France n'était plus là. Je supposai qu'elle était retournée s'asseoir auprès de son chat.
Je me dis que peut-être l'âme de grand-mère était-elle entrée dans le corps de la vieille dame au balcon fleuri.
C'était fou mais cela me redonna de l'espoir. Quelques instants.


(Texte écrit en 2008)

Samedi 8 juin 2013 à 11:55

Voilà un petit texte que j'ai écrit sur Kaamelott et ses légendaires personnages (et deux autres petits personnages de mon invention)


Kaamelott ou comment la table est devenue ronde

http://a405.idata.over-blog.com/440x242/3/80/22/84/astrologie/la-semaine-du-lion/kaamelott-2.jpg

- Donc comme je vous le disais, j’étais dans la taverne, en train d’expliquer à Karadoc les règles du Sloubi parce que figurez-vous qu’il ne les connaissait pas ce con ! C’est quand même pas compliqué à comprendre pourtant, quand on remporte le tour à Sloubi, on a quatorze solutions possibles : soit on annule le tour ; soit on passe ; soit on change de sens ; soit on recalcule les points ; soit on…
- Non mais vous n’allez quand même pas nous sortir toute la liste ?! s’énerva Arthur en tapant du poing sur la table ronde. Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre de vos règles à la con ?!
- Mais Sire, du coup avec ce qui s’est passé ensuite, j’ai pas eu le temps d’aller jusqu’au bout donc je pensais que c’était le moment où jamais pour finir mon explication ! Pas vrai Karadoc ?
- Ouais che confirme, articula difficilement le fameux Karadoc en mâchant un morceau de saucisson, mais pour être honnête, che n’ai pas tout bien compris au début non plus, chi vous pouviez reprendre tout cha serait pas plus mal.
- Vous voyez bien Sire ! Et le Sloubi c’est super technique, jouer avec quelqu’un qui ne connait pas les règles, c’est comme essayer de…
- Mais j’en ai rien à cirer ! explosa Arthur. C’est quand même fort ça ! Vous me faites réveiller à deux heures du mat’ pour me raconter une histoire « qui va tous leur en boucher un côté » -soit dit en passant, vous devriez être heureux que je réussisse à décoder les conneries que vous débitez-, je vous suis jusqu’à la table ronde, en faisant au passage un tour par les cuisines pour que l’autre glouton puisse récupérer de quoi se remplir l’estomac et je dois EN PLUS me farcir les règles de vos jeux débiles ?! Vous allez me dire ce qui vous est arrivé oui ou merde ?!
- Ouais vous avez raison, désolé Sire… ça doit être le choc de ce qu’on vient de vivre. Vous savez, on en a gros.
- Vous en avez gros ? répéta Arthur en tapotant ses doigts contre le bois de la table pour tenter de contenir l’envie irrépressible qu’il avait de clouer les deux chevaliers dessus.
- Bah ouais. Nous on était venus pour se détendre, mais y a toujours un truc de fou qui nous arrive, pas un moment à nous je vous dis ! Déjà que l’autre jour on a dû ratisser la forêt pour trouver le Graal…
- Vous avez quoi ?!
- Bah on a ratissé la forêt. C’est vous qui nous l’avez demandé !
- Je vous ai demandé de… mais qu’est-ce que c’est que cette histoire encore ?! Non vous savez quoi ? Je ne veux même pas savoir. Racontez-moi plutôt ce qui est arrivé cette nuit, vous étiez en train d’expliquer vos foutus règles à Karadoc et ensuite ?
- Ensuite, y a deux types louches qui sont entrés.
- Oui enfin ça, ça n’a rien d’exceptionnel, on a rarement vu des types vraiment nets se pointer là-bas… intervint Karadoc. Mais ceux-là était au summum de la louchitude.
- De la loucheté, corrigea Perceval pour le plus grand désespoir d’Arthur qui ne put s’empêcher d’enfouir sa tête entre ses mains.
- Ah ouais, j’ai hésité entre les deux, merci ! Donc, les deux types sont entrés et ont demandé au tavernier où ils pouvaient trouver la table ronde.
- Et pourquoi ils veulent savoir où est la table ronde ?
- Bah on en sait rien, on est direct venus vous prévenir histoire d’avoir une avance sur eux !
- Vous voulez dire que votre histoire incroyable, c’est que vous avez entendu deux « types louches » demander au tavernier où ils pouvaient trouver la table ronde?
- Ouais c’est exactement ça ! reprit Perceval visiblement fier. Alors, on est pas des chevaliers super réactifs ? Ils ont pas de bol, quand même ! Mettre au point un truc pareil et tomber sur des cerveaux comme nous !
- Vous me fatiguez… vous n’imaginez pas à quel point vous me fatiguez… soupira Arthur, j’hésite sérieusement entre vous foutre au cachot pendant 3 semaines et vous envoyer à Lancelot histoire qu’il profite de vos compétences légendaires…
- Je croyais que vous étiez en froid avec Lancelot, marmonna Karadoc en s’attaquant à la tarte aux cerises.
- Bon et ils étaient comment ces deux types ? demanda le Roi en ignorant la remarque de Karadoc
- Y avait un grand blond et un grand châtain.
- Et c’est tout ce que vous pouvez dire ?
- Bah ouais, je vous rappelle qu’on est partis direct après les avoir entendus !

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Quelques heures plus tard.Perceval tambourinait à la porte de la chambre du Roi. A ses côtés : Karadoc.

- Non mais dites-moi que je rêve ?! Qu’est-ce que vous foutez encore là vous ?! explosa Arthur en ouvrant la porte.
- C’est à cause des deux types.
- Ceux de la taverne ?
- Ouais ceux-là mêmes.
- Et alors ?
- Bah ils sont là.
- Où ça là ? demanda le Roi en tournant sa tête de droite à gauche.
- Dans la salle de la table ronde.
- Et je peux savoir pourquoi ils sont là-bas ?
- Ah merde, c’est ça qu’on a oublié de leur demander ! s’exclama Perceval en s’adressant à Karadoc. Je vous l’avais bien dit qu’on avait zappé une étape.
- Mais il n’est pas clair aussi le proctologue ! s’indigna le chevalier. On ne sait jamais dans quel ordre faire les choses !
- Le quoi ?! répéta Arthur visiblement effaré devant la bêtise des deux amis.
- Bah le proctologue, vous savez, le truc qui dit qu’est-ce qu’on doit faire et comment, expliqua Perceval.
- Le PRO-TO-COLE bande d’abrutis !!!!! tonna le Roi.
- Ah bon ? Mais alors c’est quoi le proctologue ? questionna Perceval.
- Vous savez quoi, je vais faire comme si vous n’aviez rien dit… soupira Arthur en se frottant le front de son pouce et de son index. Retournez vous coucher moi je m’occupe des deux types.
- Vous êtes sûrs ? J’ai quand même un peu l’impression que vous nous utilisez bon gré malgré pour arriver sur la fin, déclara Karadoc en croisant ses bras au dessus de son ventre.
- Ah non ! Vous n’allez pas remettre ça ! Dégagez de là et que je ne vous revois plus avant après-demain ou je vous jure que je vous fais cramer !
- Après demain, à partir d'aujourd'hui ?
- HORS DE MA VUE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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- Je ne vois aucune trace sur cette foutue table Dorian… marmonna Igor à son frère, vampire comme lui, en passant ses doigts sur le bois en chêne.
- Encore une fois je te le répète, c’est parce qu’on a retaillé la table après qu’elle en ait détruit un des coins !
- Elle n’est pas crédible ton histoire ! Je veux bien jouer avec toi au « racontemoiletrucleplusfouquitesoitarrivé » mais tu triches Dorian, c’est franchement petit !
- Mais puisque je te dis que ça s’est passé comme ça ! Tu aurais dû me croire dès le début plutôt que d’aller t’embêter à trouver une sorcière capable de nous ramener dans le passé juste pour que tu puisses vérifier si ce que je dis est bien vrai !
- Avoue que c’est quand même tiré par les cheveux cette affaire !
- Eh bien tu demanderas au Roi, je l’entends arriver.

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- Arthur de Bretagne, que puis-je faire pour vous Messieurs ? Hé mais attendez ! Je vous connais vous ! s’exclama le Roi en pointant un doigt accusateur sur Dorian. C’est votre amie qui a flingué ma table !
- AH ! Tu vois Igor ! Qu’est-ce que je te disais ?!
- Mais qu’est-ce que vous venez foutre ici ?! J’avais cru avoir été clair pourtant, je ne VEUX plus que vous trainiez dans les parages ! gronda Arthur.
- Ne vous en faites pas, mon « amie » n’est pas là cette fois-ci. Et puis nous allions justement partir, mon frère avait juste besoin de voir la table de ses propres yeux.

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- Explique-moi encore une fois comment ça s’est passé, demanda Igor avachi sur un canapé à Dorian qui se servait un verre de Bourbon.
- Encore ?!
- Oui, maintenant que je sais que ce que tu dis est vrai, l’histoire va prendre un autre goût.
- Bien, comme je te l’ai déjà dit cent fois, commença-t-il, Kira avait entendu parler de l’épée magique : Excalibur et m’avait convaincu de l’accompagner pour la voir de ses propres yeux.
- Tu veux dire qu’elle t’a tellement soulé avec que tu as fini par capituler, railla Igor.
- Tu connais Kira… Bref et donc une fois arrivés devant le caillou et Excalibur, ça ne lui a pas suffi, elle a tenu à essayer de la retirer et…
- Et c’est là que l’épée lui est restée dans les mains ! le coupa Igor.
- Oui c’est ça, soupira Dorian en se remémorant la scène cocasse. Elle a ensuite voulu me prouver que même une femme pouvait manier une épée mais elle a perdu le contrôle et Excalibur a fait un vol plané de plusieurs mètres avant de venir s’encastrer dans un des coins d’une grande table en chêne sous le regard ahuri d’Arthur qui attendait son tour pour venir tenter sa chance près du rocher.
- Et c’est donc là qu’en voulant récupérer l’épée, elle a arraché un coin entier de la table ?
- Exactement. Et comme Arthur était fou de rage, elle a proposé d’égaliser le tout en découpant chaque coin. Résultat : d’une table parfaitement carrée, nous sommes passés à une table circulaire : celle qu’on nomme dans la légende la table ronde.
- Eh bien ! ça c’est de l’histoire ! s’exclama Igor. Je me demande comment tu vas réussir à m’épater plus !

Un immense sourire apparut alors sur le visage de Dorian.

- Attends que je te raconte comment elle a brisé le vase de Soisson.


Mercredi 5 juin 2013 à 21:32

 L'accident

http://blop.2.0.cowblog.fr/images/4668129581626752lH175731L.jpg

J’avais l’impression qu’un incendie s’était mis à ravager tout ce qui se trouvait à l’intérieur de mes entrailles. La douleur était indescriptible, plus forte que tout ce que j’avais déjà pu expérimenter, insoutenable, inhumaine. La mort semblait rire de moi, elle s’amusait à m’infliger des souffrances telles que je ne désirais qu’une chose : qu’elle vienne me chercher, qu’elle fauche mon âme et que tout s’arrête. Des spasmes irréguliers agitaient mon corps, j’étais devenu un pantin relié au fils de la vie, fils que l’on s’apprêtait à couper. Les éclats de verre profondément enfoncés dans ma poitrine luisaient sous mon sang qui s’écoulait dans un goutte à goutte régulier pour venir se noyer dans la flaque à mes pieds. Mes tympans sifflaient en continu, comme le chant de l’agonie, si bien que j’avais cru devenir fou. Mes mains étaient accrochées au volant et je devinais que plusieurs doigts de la gauche étaient fracturés.

Et puis des images arrivèrent jusqu’à mon cerveau par flashs. L’impact, l’airbag ne se déclenchant pas, ma tête venant se fracasser sur mes mains, mon corps rebondissant en arrière, l’horreur. J’avais l’impression que mes veines éclataient et que mon cœur allait bientôt suivre. J’avais envie de vomir mais j’en étais incapable. Respirer était un supplice et le sang qui inondait ma bouche éclaboussait le pare-brise à chaque expiration.

A côté de moi, Noélie ne bougeait pas. Sa peau avait pris une couleur d’une pâleur extrême, cadavérique. J’essayais de maintenir mes yeux ouverts et je constatais la cruelle vérité. La poitrine de Noélie ne se soulevait plus. Je posai mon bras droit sur son cœur en étouffant un cri. Pas un seul battement. Le calvaire s’intensifia. La douleur qui s’était décuplée ne ressemblait en rien à une douleur physique. Elle ne venait plus de mes blessures. Le moindre fragment de mon corps me faisait souffrir. Les larmes qui naissaient dans mes yeux étaient telles de l’acide qui venait m’écorcher la rétine. J’entendis au loin la sirène d’une ambulance.

Et puis plus rien. Pas de lumière blanche, pas d’êtres-aimés à la porte du paradis, pas de chaleur réconfortante.

Rien. Le néant.

J’étais comme anesthésié.

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